Ilona, 22 ans, a fait face à un cancer du système lymphatique, autrement appelé « Lymphome Hodgkinien »
Lors de l’annonce, je me souviens avoir fait un « black-out ». Ma vision est devenue trouble, mon ouïe était altérée, mais le pire restait mon odorat : j’ai senti une odeur d’hôpital. Étrange, non ? L’odeur des pansements, des produits, de la stérilisation des équipements. C’est une odeur que je ne supporte pas, qui me terrifie, et elle est apparue. Le ciel me tombait sur la tête, l’univers tout entier s’effondrait sur moi, c’était terrible… Mais en voyant mes parents pleurer, j’ai simplement accepté qu’il fallait que je me batte.
Durant le traitement de mon cancer, je n’ai pas directement souffert des chimiothérapies ou de la prise de médicaments, mais plutôt de la charge mentale qui nous est imposée. Du jour au lendemain, on se retrouve avec l’étiquette « malade » sur le front. J’ai eu l’impression que mon entourage faisait de l’assistanat, que je n’étais plus capable de rien seule, et c’est de ça dont j’ai réellement souffert. Je me mets à leur place, et je comprends leurs gestes, leur bienveillance, leurs paroles envers moi, et j’aurais certainement fait pareil avec un proche malade. Mais sur le moment j’étais frustrée, je ne comprenais pas pourquoi on me traitait différemment.
Ma vie avec un grand « V » m’a manqué. D’aller à l’université, de ricaner sur des sujets futiles avec mes amis, d’étudier, de jouer au loup comme une enfant de 6 ans durant des soirées un peu loufoques. Toute cette fougue indomptable que je possédais avant l’arrivée de mon cancer dans ma vie.
Je vois ma résilience comme une renaissance. Je ne suis pas devenue meilleure, mais j’ai grandi. J’ai beaucoup appris grâce au cancer, je vis chaque instant comme si c’était le dernier et je relativise énormément sur la vie. Ma résilience, elle se fera sur toute une vie, durant toute mon existence sur cette Terre, et même après.